La naissance

C’est l’histoire d’un enfant, une petite fille ou un petit garçon, je ne me souviens plus vraiment.
Cet enfant était formidable, un véritable petit génie.
Doté d’une mémoire extraordinaire, il était à l’écoute de tout ce qui l’entourait et ce, en permanence.
Il était si malin qu’il était capable d’anticiper des tas de choses.

C’était un enfant entier, avec tous ses sens et ses émotions exacerbés.
Il riait à en pleurer, et pleurait à chaudes larmes, également.

Car « trop » sollicité par ce qu’il percevait, cela le rendait parfois instable, imprévisible, et aussi très (trop ?) impulsif.

Dans ces moments là, il partait dans tous les sens. Il devenait incapable de se concentrer sur ce qu’on lui demandait, ni même de se projeter dans l’avenir de manière sereine.

Le temps n’était pour lui qu’un présent en perpétuel changement.

Il était d’une grande curiosité, il voulait tout savoir et tout comprendre.

Et cela devait être là, tout de suite, et maintenant.

L’enfance

C’est pour toutes ces raisons que cet enfant se promenait toujours main dans la main avec sa marraine.

Elle était là pour le raisonner, le calmer, le rassurer.

Et c’est vrai, que cet enfant aurait été perdu dans ce monde, sans elle.

Alors elle essaya de lui apprendre les notions de temps, de passé, de présent, et de futur.
Les notions de bien et de mal : une certaine forme d’éthique en quelque sorte.

Elle lui a appris ainsi :
– Le Verbe (langage, orthographe, grammaire, vocabulaire.. )
– Les Sciences (mathématiques, physique, biologie..)
– Les Concepts
pour qu’il puisse s’exprimer autrement que par le filtre de ses émotions toujours si fortes et envahissantes.

La connaissance

Pour lui permettre de comprendre le Monde dans lequel il vivait, elle lui avait écrit une Histoire.
Avec sa participation, bien évidemment, car c’était un enfant intelligent ne l’oublions pas.

Cette Histoire, qui évoluait au fur et à mesure que le temps passait, devait être en cohérence avec ses envies, ses désirs et ses émotions.

Le savant très émotif, elle prenait soin de ne pas mentionner de détails « trop » perturbants, et avait même parfois tendance à lui mentir, pour préserver son bien-être.
Elle le faisait par « amour ».

Bien que très instruite, la marraine était aussi un peu naïve.

Elle avait tendance à faire confiance à ce que son cerveau lui racontait tant que ça concordait avec sa propre histoire.

A l’inverse, elle avait aussi tendance à rejeter ce qui ne concordait pas avec ce qu’elle pensait être « juste » pour l’enfant.

En faisant cela, elle avait tendance à oublier que l’enfant était attentif au moindre détail, qu’il avait une mémoire extraordinaire, et qu’il était d’une grande intelligence.

Car oui.

Il n’était pas dupe.

Les choix

Il arrivait donc quelquefois que l’enfant, lorsqu’il était en désaccord avec sa marraine, l’interrompt et corrige l’Histoire de lui-même.

A d’autres moments, c’était la marraine qui oubliait d’écouter ses conseils et qui n’en faisait plus qu’à sa tête.

Alors les émotions de l’enfant le submergeaient à nouveau.

Et il ne trouvait plus d’autres moyens que de s’exprimer par elles et à travers elles.

Pour maintenir le récit, la marraine devait donc maintenir un parfait équilibre entre les sentiments et les conseils de l’enfant.

Tout ceci en adéquation avec les contraintes du monde dans lequel ils vivaient tous les deux.

Ce qu’il reste à écrire

Il y a plusieurs suites à cette Histoire :

1 – Trop soumise aux contraintes du monde extérieur, la marraine n’écouta plus l’enfant, ignora sa détresse, et tenta de s’accommoder du malaise ambiant.

2 – La marraine réussit à maintenir un relatif équilibre en écoutant les émotions et les conseils de l’enfant, afin d’écrire une histoire à la fois rassurante et la plus réaliste possible, pleine de bon sens.

3 – La marraine laissa toute la liberté de s’exprimer à l’enfant, en faisant confiance aux capacités de celui-ci pour écrire leur Histoire ensemble, et gérer, au jour le jour, les contraintes du monde extérieur