Différents Familiaux et Con – Vide

Ceci est une fiction  inspirée de faits réels.
Toutes ressemblances avec des personnes existantes ou ayant existées seraient purement fortuites. ^^

Texte publié sur le groupe auto-apprenant "Addictions et alcool : ensemble on est plus forts" le 14/04/2020

Je vous écris ce soir pour témoigner de combien c’est difficile d’avoir un entourage toxique, surtout quand on est fragilisé…

J’ai été diagnostiquée positive au Covid19. Ça a commencé par de forts maux de tête et des symptômes gastros. Les deux premiers jours, je ne me suis pas trop inquiétée, jusqu’à ce que j’ai des douleurs abdominales super fortes et « pas comme d’habitude »… 

Alors j’ai commencé à tenir une sorte de « journal de bord » des symptômes et de l’évolution de ces derniers. 

Vendredi dernier, comme c’était la veille d’un week-end de 3 jours, et que nous devions avec mon conjoint, récupérer ses enfants, j’ai contacté le service de santé de ma "petite entreprise de transport", pour avoir un avis médical et surtout savoir ce à quoi je devais être vigilante pendant ce week-end Pascal. 

La toubib que je ne connaissais pas, me dit que "oui ça peut être le Covid", mais elle n’est pas super catégorique, elle me prescrit du Paracétamol et pas de test, on part donc du principe avec mon conjoint, que l’on peut prendre ses enfants pour la semaine de vacances.  Je n’ai pas de fièvre à ce moment-là, pas de toux, pas de gêne respiratoire, que les maux de tête qui me fatiguent quand même pas mal et je n’ai pas super faim.

Le samedi, impeccable, j’ai même plus de maux de tête, je suis contente, je me dis que c’est bon tout va bien, et que je me suis inquiétée pour rien.

Malheureusement pour moi, dès le samedi soir je commence à me sentir fiévreuse, mes maux de tête reviennent ++, je suis épuisée, je vais me coucher sans manger. 

Dans la nuit de samedi à dimanche, je tousse beaucoup, me réveille toutes les heures en nage.

On décide avec mon conjoint, après la chasse aux œufs des enfants, de me confiner « au carré » : c'est à dire que je reste dans notre chambre et évite au maximum les contacts avec les enfants et mon conjoint. La journée se passe moyen, ma température grimpe de plus en plus et j’ai mal à la tête à me la taper contre les murs. 

Lundi est la pire journée, j’ai de la fièvre, dès le réveil. Je reste alitée toute la journée à dormir et à méditer pour m’apaiser. 

Ce matin je rappelle le service médical de ma "petite entreprise de transport": j’ai mon médecin traitant habituel qui me rappelle (il fait des permanences dans cette entreprise et travaille également à l’hôpital), j’ai toute confiance en lui, il me connaît très bien, connaît mes pathologies, c’est toujours rassurant d’entendre son médecin plutôt qu’un inconnu…

Je lui décris les symptômes précis grâce à mon fichier Excel, et il m'annonce qu'il fait un diagnostic de Covid à 99%...

Sur ma demande, il me fait une prescription pour un test PCR mais il me dit que les tests aujourd’hui donnent 40% de faux négatifs, donc ce n’est pas super fiable…  Il me fait sourire en me disant « c'est comme si vous aviez le bras cassé à 90°, que vous veniez me voir et que je vous disais, vous avez le bras cassé et que vous me demandiez d’aller passer une radio pour vérifier que c’est bien cassé »... 

Il me déculpabilise aussi en me disant qu'autour de lui, même des psychopathes des gestes barrières l'avaient chopé quand même…   

Bref, il me donne des conseils de vigilance sur les signaux d’alerte et me dit qu’on se rappelle en fin de semaine... 

Après réflexion, et en accord avec mon conjoint, j’ai décidé de ne pas aller faire le test. 

Il y a trop de faux négatifs et ça ne sert à rien de me faire du mal surtout que j'ai super mal au crâne et que ça ne va pas l’arranger. En outre, faire le test ne me guérira pas.

Mon médecin m'a expliqué qu'à l'hôpital ils faisaient 2 tests + scanner pour être sûr à 100%

Mais qu'en ville, ce n'était pas possible.

Comme je considère déjà que c'est sûr et que mon conjoint également puisqu'on a une confiance absolue dans ce médecin... pourquoi ne pas lui faire confiance ? 


Je me décide donc à prévenir ma famille : chose somme toute assez normale non ? Ça me parait important de les tenir au courant et puis également de les rassurer sur mon état actuel. 

Je préviens ma sœur par message et ma mère par téléphone.

Et là, en fait, je me suis pris une putain de tempête de merde en pleine tête (de la part des deux, et avec des arguments identiques). 
J’étais inconsciente de ne pas vouloir faire le test. 

J’aurais dû être plus prudente et ne pas prendre les enfants en vacances.

J’étais en train de risquer la vie de mon conjoint et celles des enfants…

J’étais sous le choc… 

Aucune manifestation de bienveillance de leur part envers moi-même, elles m’enfonçaient, me culpabilisaient… 

Alors que je recherchais du soutien et de la compassion (quelle conne je suis !), je n’ai eu que des reproches…

Ça m’a dévastée… 


J’ai coupé court à la conversation par message avec ma sœur, et avec ma mère, et j’ai fini par être obligée de leur crier dessus, moi qui déteste ça, pour qu’elles daignent m’écouter et essayer de leur faire prendre conscience, qu’elles me blessaient violemment par leur attitude égocentrique et délétère. 

C’était surréaliste en fait, ma mère, ou ma sœur (je ne sais plus bien ^^) hurlait à la fenêtre de son bureau après les gens qu’elle voyait dehors : « Vous faites n’importe quoi, vous n’en avez rien à faire, ce n’est pas vous qui avez quelqu’un de votre famille qui a le Covid19 ! ».

J’ai réussi, je ne sais comment à la/les calmer et j’ai raccroché tétanisée… 

Bien entendu, je me suis effondrée, j’ai beaucoup pleuré, ce qui m’a épuisée, moi qui suis déjà crevée…

Pourtant, je ne devrais pas être surprise. Toute ma vie, elles ont toujours réagit avec moi comme si j’étais toujours irresponsable et inconséquente, que je ne prenais pas les bonnes décisions, que je n’en faisais qu’à ma tête, et que je n’étais pas assez reconnaissante de ce qu’elles me donnaient… 

Mais elles me donnent quoi, au fond, à part de la souffrance, de la honte, du chagrin, de l’incompréhension, et une mauvaise image de moi-même par-dessus le marché ?

Je ne veux plus accepter cela… D’autant plus, que je ne peux pas les changer : ça fait partie des choses que je dois accepter et sur lesquelles je dois lâcher prise…

Soit, c’est ma famille, mais j’ai beaucoup d’autres proches, aujourd’hui, qui font preuve de bienveillance envers moi, qui m’aide psychologiquement… 

Je fais de mon mieux… Je ne suis pas une mauvaise personne n’est-ce pas ?

Merci de m’avoir lue… Bonne nuit…
  
Le 14/04/2020  ©CESTCLARTEUX  toute reproduction doit comporter le nom de l'autrice marque déposée à l'INPI 😉
Texte : Evelyse Georget / Crédits Photos : Evelyse/Esyleve Avril 2020

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